Choisir le bon appareil de chauffage au bois

mardi 7 novembre 2023 | Le chauffage au bois

Sommaire
2
3

Photo de une : Palazzetti

Le plus ancien com­bus­tible uti­li­sé par l’homme pour se chauf­fer est éga­le­ment l’un des plus actuels, des plus éco­no­miques et des plus per­for­mants ! Durant ces douze der­nières années, le bois est deve­nu une éner­gie à part entière, son uti­li­sa­tion comme source prin­ci­pale d’énergie pas­sant de 30 à 50 % des uti­li­sa­teurs. Parmi eux, près de la moi­tié se chauffent aujourd’hui uni­que­ment au bois. Economique, le chauf­fage au bois est peu sou­mis aux spé­cu­la­tions et acces­sible au plus grand nombre. C’est enfin, le bois est le plus sym­pa­thique des com­bus­tibles, car natu­rel, renou­ve­lable et dis­po­nible par­tout en France. Reste à trou­ver le bon appa­reil !

Quel appareil pour quels besoins ?

Appoint ou chauffage central ?

Cet appa­reil de chauf­fage sera t‑il un appoint, un objet de déco­ra­tion ou une véri­table source de cha­leur pour la mai­son ? Celle-ci est-elle bien iso­lée ? Le but est-il de chauf­fer une pièce ou de chauf­fer toute la mai­son ? L’approvisionnement et le sto­ckage de com­bus­tible sont-ils aisés ? Quel est le bud­get ? Autant de ques­tions qui per­mettent d’établir un cahier des charges avant de choi­sir l’appareil adap­té.

Si votre objec­tif est de chauf­fer, mieux vaut oublier la che­mi­née ouverte. Le plai­sir des flammes ne com­pense mal­heu­reu­se­ment pas son mau­vais ren­de­ment (infé­rieur à 10 %). A moins de l’équiper d’un cla­pet bien étanche, elle trans­forme la mai­son en pas­soire à calo­ries lorsqu’elle ne fonc­tionne pas.

Sa trans­for­ma­tion en foyer fer­mé amé­lio­re­ra son ren­de­ment ou, mieux encore, la construc­tion d’une che­mi­née neuve autour d’un insert per­for­mant, dont le ren­de­ment peut atteindre 80 %, grâce à un sys­tème de récu­pé­ra­tion de cha­leur dans la hotte.

Chauffer sur l’air ou par rayonnement ?

Autre pos­si­bi­li­té, le poêle à iner­tie. C’est un poêle de plu­sieurs tonnes dont la masse est telle qu’un feu nour­ri de deux heures suf­fit à le faire rayon­ner durant 12 heures. Poêle tra­di­tion­nel alsa­cien en faïence (Kachelofen) ou poêle construit sur place (terre crue, pierre, briques…), c’est une solu­tion qui convient bien dans une mai­son com­pacte et qui peut suf­fire à chauf­fer une mai­son bien iso­lée.

Poêle à inertie Tulikivi. Un mode de chauffage au bois efficace, confortable et économique.
Poêle à iner­tie Tulikivi.

Plus petit, le poêle s’adapte à tous les inté­rieurs. Simple à ins­tal­ler, effi­cace, il cumule chauf­fage de l’air (convec­tion) avec rayon­ne­ment (conduc­tion). Certains sont de véri­tables mer­veilles de tech­no­lo­gie avec une auto­no­mie de plu­sieurs jours (gra­nu­lés) et des ren­de­ments de 95 %. Les cui­si­nières à bois peuvent s’apparenter aux poêles. Certaines peuvent éga­le­ment fonc­tion­ner aux gra­nu­lés, voire cumu­ler bûches et gra­nu­lés.

Le rayonnement par l’eau chaude

Il est pos­sible de relier inserts, cui­si­nières ou poêles à hydro-accu­mu­la­tion à un cir­cuit de chauf­fage tra­di­tion­nel (voir n°65). Ce sys­tème pré­sente tou­te­fois les contraintes liées au bois bûches : ali­men­ta­tion régu­lière, mani­pu­la­tion du com­bus­tible, dif­fi­cul­té de réglage, pas de chauf­fage en cas d’absence… qui pour­ront être réso­lues avec l’achat d’une chau­dière auto­ma­tique ou si l’appareil ne consti­tue qu’un appoint d’une autre source de chauf­fage. Ces appa­reils s’automatisent éga­le­ment lorsqu’ils sont pré­vus pour fonc­tion­ner au gra­nu­lé.

Quel combustible ?

La bûche

Le chauf­fage à bûche est le plus éco­no­mique, sur­tout si l’on « fait » son bois soi-même. Attention, le ren­de­ment varie beau­coup en fonc­tion de l’hygrométrie du bois, impé­ra­ti­ve­ment infé­rieure à 20 %. Si l’appareil est le seul mode de chauf­fage, la manu­ten­tion des bûches peut deve­nir un exer­cice pénible pas­sé un cer­tain âge.

Le granulé

Le gra­nu­lé ou la bûche com­pres­sée, livrés en sacs, sont plus adap­tés à la vie urbaine. Composés uni­que­ment de sciure de bois de rési­neux, com­pres­sée et chauf­fée, ces pro­duits concentrent un pou­voir calo­ri­fique bien supé­rieur au bois bûche. L’hygrométrie contrô­lée et la forme par­fai­te­ment cali­brée du gra­nu­lé auto­risent son uti­li­sa­tion dans les sys­tèmes de chauf­fage auto­ma­ti­sés comme les chau­dières à bois ou les poêles. Sa manu­ten­tion est aisée et propre. Il existe en vrac ou en sacs. Son coût est supé­rieur, mais reste très com­pé­ti­tif par rap­port aux autres com­bus­tibles. Notons qu’il existe aujourd’hui un poêle à bûches den­si­fiées auto­ma­tique et que de nou­veaux gra­nu­lés se déve­loppent à par­tir d’autres sources de bio­masse.

La plaquette

Enfin, adap­tées aux zones rurales compte tenu des volumes à mani­pu­ler, les chau­dières à bûches ou à bois déchi­que­té (pla­quette fores­tière, sciure), sont de plus en plus per­for­mantes. Le bois déchi­que­té (ou pla­quette fores­tière) est repré­sen­té par des frag­ments de bois issus du broyage de divers pro­duits : ron­dins, branches, houp­piers, déchets de scie­rie, réma­nents fores­tiers… Il doit être d’une humi­di­té constante (30 % maxi sur poids brut) et d’une gra­nu­lo­mé­trie adap­tée à la chau­dière (géné­ra­le­ment 3 x 2 x 1 cm).

Il existe aus­si des chau­dières « brûle-tout » per­met­tant de valo­ri­ser des sous-pro­duits de l’agriculture comme les noyaux, les coquilles de noix ou de noi­settes, le moult d’olive déshy­dra­té, les pépins de rai­sins, les rési­dus de soja, les rafles de maïs… mais aus­si la paille, le mis­can­thus…

Chauffage au bois et RE2020

Le chauf­fage au bois bûche et à gra­nu­lés est une éner­gie renou­ve­lable pres­crip­tible dans les habi­ta­tions neuves sou­mises à la régle­men­ta­tion RE2020, au même titre que dans la RT2012.

La réglementation

Pour uti­li­ser le bois comme source de chauf­fage prin­ci­pal, le sys­tème doit être muni d’un dis­po­si­tif d’arrêt manuel et d’une régu­la­tion auto­ma­tique de la tem­pé­ra­ture inté­rieure. Cette solu­tion béné­fi­cie alors d’une boni­fi­ca­tion de 30 % sur l’exigence maxi­male de consom­ma­tion en éner­gie pri­maire du bâti­ment. Toutefois, il sera consi­dé­ré comme chauf­fage prin­ci­pal, dans la limite de 100 m² de sur­face habi­table, et devra cou­vrir au mini­mum 50 % des besoins de chauf­fage du bâti­ment (article 26 de l’arrêté du 26 octobre 2010). Au-delà de 100 m² un deuxième appa­reil de chauf­fage est donc théo­ri­que­ment néces­saire.

Dans tous les cas, le chauf­fage au bois bûche et à gra­nu­lés peut être pres­crit dans l’habitat neuf en tant que chauf­fage d’appoint per­met­tant de réduire la consom­ma­tion de gaz ou d’électricité.

Être bien étanche !

Le test d’étanchéité à l’air doit être théo­ri­que­ment effec­tué une fois le poêle ins­tal­lé, ce qui impose le choix d’un poêle dont la chambre de com­bus­tion est étanche et dont l’arrivée d’air de com­bus­tion se fait sur une prise d’air exté­rieur (le poêle n’utilise pas l’air de la pièce pour assu­rer sa com­bus­tion). L’impact d’un poêle non étanche à l’air sur l’étanchéité du bâti­ment, est esti­mé entre 0,1 et 0,2 m³/h.m².

Poêle hydro Techna de Jolly-Mec, puissance 16 kW dont 12,46 kW en eau
Poêle hydro Techna de Jolly-Mec, puis­sance 16 kW dont 12,46 kW en eau

Les poêles hydro

A mi-che­min entre la chau­dière et le poêle, les appa­reils à hydro-accu­mu­la­tion consti­tuent un appoint ou un chauf­fage cen­tral per­for­mant. L’appareil chauffe direc­te­ment les pièces de la mai­son durant la jour­née et accu­mule éga­le­ment de la cha­leur dans un bal­lon, en hydro-accu­mu­la­tion. Lorsque le feu dans le poêle est éteint (matin, nuit…), le bal­lon prend le relais et dis­tri­bue la cha­leur dans les radia­teurs, les murs ou les plan­chers chauf­fants. Il peut être à bûches, à gra­nu­lés ou mixte et peut se pré­sen­ter sous la forme d’une cui­si­nière. Contrairement à la chau­dière auto­ma­tique, il n’est géné­ra­le­ment pas relié à un silo et néces­site un appro­vi­sion­ne­ment manuel. Il est situé dans une pièce de vie (salon, cui­sine, etc.) qu’il chauffe éga­le­ment par convec­tion comme tout poêle. La pré­sence d’un bal­lon tam­pon per­met de lis­ser les tem­pé­ra­tures entre deux chauffes. Il est pos­sible d’associer éga­le­ment le chauf­fage de l’eau chaude sani­taire (« tank in tank » ou bal­lon au bain marie dans le bal­lon). Il fau­dra esti­mer pré­ci­sé­ment vos besoins pour bien dimen­sion­ner la puis­sance, mais éga­le­ment le bal­lon, qui sera au mini­mum de 500 litres. Comptez 3 000 à 7 000 € envi­ron pour un poêle hydro à bûches, 3 000 à 10 000 € pour un poêle hydro gra­nu­lés, pour une ins­tal­la­tion de moins de 30 kW. Au-delà, les prix dépassent les 10 000 €.

Acheter des anciens numéros

Retrouvez vos thèmes préférés et les bonnes adresses en consultant nos éditions passées !

Feuilletez un numéro

Magazine Habitat naturel N°88

Newsletter : inscrivez-vous !

Restez informé de la sortie de nos parutions et des événements clés du secteur !

Habitat naturel sur Facebook

Habitat Naturel

1 semaine 3 jours il y a

HISTOIRES DE VIES Grands changements ou petits projets Architectes & Particuliers vous invite à son exposition pour les Journées Nationales de l’Architecture, à l’Atelier Tarkett

Sur le même thème...

Eco construction menuiseries2

Menuiseries : double ou triple vitrage ?

by | Nov 9, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Photo de une : Réalisation Atelier 3A. Menuiseries triples vitrages Smartwin Bois/alu d'André Menuiserie, certifiées passives. Voir hors-série n°18 D’un côté la...

Eco construction Reemploi1

Réemploi : comment (bien) faire ?

by | Nov 6, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

L’effet de la loi AGEC Antigaspillage pour une économie circulaire, la hausse des prix des matériaux, les délais, l’envie de faire mieux... le réemploi est dans toutes...

Ventilation : bouches chauffantes Brink

Ventilation, hygiène et performance énergétique

by | Nov 3, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

En une : ventilation : bouches chauffantes Brink L'air c'est la vie ! Au cours d’une vie nous inhalons 300 millions de litres d’air : 12 000 litres par jour en moyenne,...

Qualite de l'air intérieur

La qualité de l’air intérieur

by | Nov 3, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Photo : Placo En 2001, la création de l’observatoire de la qualité de l’air intérieur par les pouvoirs publics marque la prise de conscience de cette problématique....

Recherche de fuites

Etanchéité à l’air : comment bien faire

by | Nov 3, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Photo : Menuiseries Bieber. L’étanchéité à l’air est sans doute le point le plus critique à gérer dans une construction aujourd’hui, qu’il s’agisse de respecter la...

eco construction isolation1

Isolation thermique : le point clé du confort

by | Nov 2, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Largement stimulée par les pouvoirs publics, la réglementation et les incitations fiscales, l’isolation thermique intérieure ou extérieure est enfin devenue une...

Eco-construction maçonnerie- Xella

Eco-construire en maçonnerie

by | Nov 2, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Construction en blocs monomurs de béton cellulaire - Xella La culture constructive française se retrouve le plus généralement du côté de la « pierre » au sens...

Eco-construction: les aides et les formations

Les aides à la construction de votre maison et à sa rénovation

by | Nov 1, 2023 | L'éco-construction,L'éco-rénovation | 0 Comments

Photo de une : Thibaut Durand pour Hargassner France Chaque année, les règles changent ! Pour ne plus se perdre dans les crédit d'impôts, les prêts à taux zéro, les...

Maison bois Myotte-Duquet Charpentes

Eco-construction d’une maison : les étapes clés d’un projet réussi

by | Nov 1, 2023 | L'éco-construction | 0 Comments

Photo : Myotte-Duquet Eco-construire une maison est aujourd’hui un choix judicieux, tant du point de vue du confort que de celui de l’environnement. Mais comment entrer...

VOIR TOUS LES ARTICLES SUR Le chauffage au bois