Photo : Placo
En 2001, la création de l’observatoire de la qualité de l’air intérieur par les pouvoirs publics marque la prise de conscience de cette problématique. Pourtant, aujourd’hui encore, les données concernant cette pollution sont insuffisantes et son impact sur la population encore mal connu. “Un excès de CO dans une pièce peut également être à l’origine de somnolence, sueurs, maux de tête… ” Chaque individu respire chaque jour plus de 15 000 litres d’air puisé dans différents environnements traversés au cours de la journée. En moyenne, nous passons près de 90 % de notre temps dans des lieux clos, mais l’air intérieur est-il sain ?
Des exigences de ventilation qui ont évolué au cours du temps
La moitié du parc de logements a été construite avant 1967, donc avant les réglementations sur l’aération des logements instaurant le principe de la ventilation générale et permanente (arrêtés de 1969, 1982). La ventilation mécanique contrôlée (VMC) et la ventilation naturelle équipent près de 70 % des logements à elles deux, la VMC double flux ne représentant que 1,1 % du parc. Environ 20 % des logements construits après 1975 ne sont pas conformes aux réglementations en vigueur de 1969 et de 1982 (équipés en ventilation partielle (moteurs de ventilateurs dans quelques pièces) ou sans aucun système). La RT2012 a imposé l’étanchéité à l’air dans les logements, ce qui va renforcer le rôle de la ventilation pour la bonne qualité de l’air intérieur : il faut maintenir des débits d’air suffisants pour assurer le renouvellement de l’air tout en maîtrisant les dépenses d’énergie.
L’OMS fixe la limite acceptable en formaldéhyde à 50 μg/m³/semaine, ce chiffre est dépassé dans la moitié des logements français… Le Haut Conseil de la santé publique propose de mettre un seuil à 10 μg/m³ au-delà duquel des mesures doivent être prises. Un décret récent fixe la valeur guide à 30 μg/m³ au 1er janvier 2015 et à 10 μg/m³ au 1er janvier 2023.
Deux décrets et trois arrêtés de décembre 2022 modifient en profondeur la démarche de gestion de la qualité de l’air intérieur dans les ERP accueillant du public sensible tant pour les bâtiments neufs qu’existants. Les modalités et dispositions visant à surveiller et à améliorer la qualité de l’air intérieur (QAI) évoluent significativement à compter du 1er janvier 2023 avec une évaluation annuelle des moyens d’aération des bâtiments, un autodiagnostic de la qualité de l’air intérieur à réaliser tous les 4 ans, une campagne de mesures des polluants réglementés réalisée à chaque étape clé de la vie du bâtiment pouvant impacter la QAI et la réalisation de plans d’actions visant à améliorer la qualité de l’air intérieur.
D’où viennent les polluants de l’air intérieur ?
Ils peuvent être chimiques (COV, aldéhydes, CO…), biologiques (moisissures, acariens, bactéries…) ou physiques (particules inertes, particules fines, radon…). Ils dépendent de l’environnement extérieur, de la conception du bâtiment, des matériaux, des activités, des occupants…
- du tabac
- des conséquences d’une trop forte humidité (infiltrations d’eau, dégât des eaux récent, condensation…)
- des colles et liants utilisés dans le mobilier, les revêtements de sols et de murs
- de certains produits de construction, de bricolage et de décoration
- des équipements de chauffage anciens (monoxyde de carbone)
- des peintures, laques et vernis synthétiques, solvants
- des produits d’entretien et désodorisants (molécules cancérigènes et allergènes)
- des activités humaines (cuisine, hygiène, cosmétique)
- des animaux et de certaines plantes (allergènes, pollens, acariens…)
- du radon naturel dans certaines régions
La ventilation à elle seule ne suffit pas à assurer en permanence un air sain à l’intérieur.
La ventilation assure en continu, 24 heures sur 24, le renouvellement de l’air et l’évacuation des polluants émis de manière diffuse ainsi que de l’humidité “de fond”. L’aération, par l’ouverture volontaire des fenêtres, permet en complément de traiter les “pics” de pollution dus notamment à la cuisine, aux activités de bricolage et d’entretien, et d’évacuer plus rapidement l’humidité après la toilette ou le lessivage des sols par exemple.
Comment les mesurer ?
Il est possible de faire réaliser des analyses par des laboratoires spécialisés. (Comptez de 100 à 200 € selon les polluants recherchés). Un étiquetage des produits devrait permettre de choisir les moins polluants : Décret n° 2011-321 du 23 mars 2011 (JO du 25/3/2011)
Les fabricants de produits de construction ou de revêtement de mur ou de sol et des peintures et vernis doivent mentionner les caractéristiques d’émission en substances volatiles polluantes. Plus précisément, il s’agit d’indiquer “la quantité de substance susceptible d’avoir des effets nocifs sur la santé humaine et qui se trouve en phase gazeuse dans l’air intérieur”. Les fabricants sont responsables des mentions qu’ils indiquent.
Attention toutefois, un produit mis en situation d’humidité va émettre 100 fois plus de formaldéhyde qu’en milieu sec. De même, les émissions sont décroissantes avec le temps.
Les principaux polluants intérieurs
- le formaldéhyde (bois aggloméré, colles synthétiques, peintures…)
- le benzène (pollution extérieure (rues fréquentées), peintures, vernis…)
- l’acétaldéhyde (mousses isolantes, colles, vernis, papiers, pesticides, cosmétiques…)
- le dichlorvos (utilisé notamment comme insecticide)
- l’ester de phtalate
- les hydrocarbures
- les éthers de glycols
- le monoxyde de carbone
- le radon
- les allergènes
Quelle qualité de l’air ?
- L’air est parfois plus pollué dedans que dehors
- Plus de 40 % des logements souffrent d’humidité
- Sans ventilation adaptée, un logement rénové peut devenir malsain
- On a oublié le réflexe d’ouvrir les fenêtres pour aérer chaque jour
- On a souvent obstrué les bouches de ventilation pour économiser les calories
- On oublie souvent qu’une VMC s’entretient régulièrement, notamment les double-flux qui imposent un changement de filtre une à deux fois par an, mais également les simples flux ! Le risque : respirer un air malsain au quotidien…
Quelles conséquences sur la santé ?
De plus en plus de maladies respiratoires (asthme, allergies…), irritations de la peau, des muqueuses, nausée, maux de tête, vomissements…
Des bâtiments dégradés (salpêtre, champignons, moisissures…) Les jeunes enfants, les bébés, les personnes âgées ou malades sont les plus fragiles.
Comment diminuer les polluants ?
- En ouvrant quotidiennement les fenêtres (15 mn, ça suffit pour renouveler l’air d’une chambre !)
- En ne fumant pas à l’intérieur
- En privilégiant les produits naturels et/ou éco-labellisés (NF Environnement, écolabel européen, natureplus etc.) et en attendant quelques jours avant d’occuper une pièce rafraîchie
- En privilégiant le bois massif pour les meubles (sinon en attendant quelques mois avant de les placer dans une chambre)
- Des plantes dépolluantes, des purificateurs d’air, des matériaux assainissant (PlacoImpact, par exemple)… peuvent y contribuer.
Pour plus d’informations,
vous pouvez consulter les sites internet :
- de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur
- du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air
- des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air