Photo de une : Marc Tricot EI
En 2021, le solaire photovoltaïque a fourni 14,3 TWh, soit 3 % de l’énergie électrique consommée en France (contre 2,8 % en 2020). En dix ans (2011−2021), la puissance du parc photovoltaïque installé en France a été multipliée par 5 pour atteindre aujourd’hui 13,2 GW, et la production d’énergie solaire a été multipliée par 6 avec 14,3 TWh en 2021.

1/ Envisager une installation rationnelle
Une bonne toiture sud
Le photovoltaïque est classé parmi les énergies renouvelables car il utilise pour son fonctionnement une source d’énergie primaire inépuisable, le rayonnement solaire. La première condition est donc de disposer d’une toiture orientée sud (ou à la limite sud-est ou sud-ouest) ou d’un pignon bien orienté pour une installation en casquette. Il faut idéalement que l’emplacement soit totalement exempt de masque (ombre provoquée par une cheminée ou un feuillage par exemple), avec une inclinaison par rapport à l’horizontale comprise entre 15 et 45°. En cas de masque, il est possible d’améliorer la performance avec des diodes by-pass placées en parallèle des cellules, mais le système devient plus complexe à optimiser.
Des contraintes d’urbanisme ?
Il faut ensuite imaginer la surface qu’occuperont les capteurs sur la toiture. Un toit solaire a généralement une taille comprise entre 10 et 30 m² – une surface non négligeable qui va modifier l’aspect de la maison. Dans le cas d’un bâtiment neuf, ces prescriptions doivent être intégrées dès la phase de conception, sachant que d’autres paramètres plus ou moins contraignants seront à prendre en compte comme l’orientation du bâtiment, l’inclinaison du toit, les masques inévitables, la réglementation etc. Contactez la mairie, de façon à connaître les éventuelles contraintes urbanistiques du site photovoltaïque. Si l’intégration sur le bâtiment n’est pas possible, une installation au sol est envisageable.

2/ Réduire ses consommations électriques
L’électricité est considérée comme la forme la plus noble de l’énergie, à la fois parce qu’on peut l’utiliser de multiples manières et qu’elle est la plus difficile et la plus chère à produire (économiquement et énergétiquement). Elle se transporte très rapidement (300 000 km par seconde), mais on ne sait que très mal la stocker. C’est pourquoi elle doit être réservée aux applications pour lesquelles il n’y a pas d’autre solution comme l’éclairage, les appareils électroniques ou les moteurs (les usages spécifiques). En revanche, pour le chauffage de l’eau, de l’espace ou de la nourriture, il est recommandé d’utiliser une énergie plus “brute” (chaque transformation de l’énergie entraîne des pertes). Plus généralement, les économies d’électricité doivent toujours venir en premier.
Toutefois, depuis que les installations en autoconsommation sont devenues fréquentes, il est parfois judicieux de valoriser le surplus produit dans le ballon d’eau chaude ou pour alimenter une voiture par exemple.
Pour être démonstratif, un projet photovoltaïque doit couvrir au moins 40 % des besoins en électricité.
3/ Choisir un installateur
La première démarche est de consulter son espace France Renov (0810 060 050). On y trouvera un conseil gratuit et objectif et la liste des entreprises labellisées RGE de la région, ayant souscrit les assurances obligatoires (responsabilité civile et décennale). Privilégiez les installateurs locaux, et demandez à visiter des installations déjà réalisées. Il existe aujourd’hui sur le marché une offre de plus en plus abondante et certains fournisseurs peu scrupuleux n’hésitent pas à augmenter leurs prix en fonction des aides disponibles. Pour éviter cette forme de spéculation, il faut contacter plusieurs installateurs de manière à comparer les offres entre elles, sans pour autant multiplier les demandes de devis qui pourraient occasionner un surcroît de travail non rémunéré pour les installateurs sérieux.
Des listes d’installateurs sont aussi disponibles sur le site de Qualit’ENR ; auprès des organismes de représentation : ENERPLAN, au CLER (Comité de Liaison des Energies Renouvelables), au SER (Syndicat des Energies Renouvelables) ou encore auprès de l’association nationale représentante des installateurs travaillant dans les énergies renouvelables. N’hésitez pas à fréquenter les foires et salons, mais ne signez jamais rien sur place, avant d’avoir fait visiter votre maison ! Tout installateur sérieux se déplace pour évaluer la faisabilité du projet.
4/ Comparer les devis de panneaux photovoltaïques
La puissance (ou la capacité de production) d’une installation photovoltaïque s’exprime en Wc ou kWc (Watt-crête ou kilowatt-crête). C’est une unité qui permet de comparer des panneaux de marques et technologies différentes entre eux, puisque 1 Wc, peu importe la surface ou la technologie du panneau, produira toujours la même quantité d’énergie dans les conditions standardisées. Pour les panneaux les plus courants, 1 kWc correspond à une surface d’environ 10 m², mais en fonction de la technologie, elle peut varier de 7 à 20 m².
Les panneaux produisent des « kilowattheures » (kWh) qui représentent une quantité d’énergie électrique : ce sont ces kWh que vous achetez à votre fournisseur d’électricité, ce sont aussi eux qui seront vendus à EDF (ou à une entreprise locale de distribution) actuellement à un tarif fixe. Voir ici le site d’Hespul. Ainsi, il est important de se baser sur la puissance-crête et non sur la surface des panneaux comme outil de comparaison entre différents systèmes.

5/ Vérifier le dimensionnement de l’installation
Comment ça marche ?
En France, en milieu d’une journée d’été, la puissance du rayonnement solaire est d’environ 1 000 W/m² (1 kW/m²). Cette puissance lumineuse varie au cours de l’année en fonction des saisons et des conditions météorologiques et de l’heure. L’énergie lumineuse annuelle reçue par unité de surface est d’environ 1 300 kWh/an.m². Pour tenir compte des variations d’éclairement au fil de l’année, ainsi que de l’alternance jour nuit, on définit le facteur de charge d’une installation, qui est d’environ 0,15 pour le solaire PV en France : c’est le rapport entre l’énergie réellement reçue par une surface durant 1 an (=8 760 h) et l’énergie fictive qui serait reçue par cette même surface si elle était en plein soleil pendant 8 760 h. Les modules photovoltaïques (ou panneaux) sont le plus souvent constitués de cellules de silicium connectées entre elles et protégées par une plaque de verre. Leur rendement de conversion de l’énergie lumineuse en énergie électrique, est d’environ 20 %.
Un module d’une surface d’1 m² éclairé par une puissance de 1 000 W/m² fournit donc une puissance électrique nominale de 200 W : c’est la puissance crête, 200 Wc. L’énergie électrique produite pendant une année est équivalente à celle obtenue avec la puissance nominale pendant 15 % des 8 760 h d’une année, soit 200 x 0,15 x 8760 = 263 kWh/m², qui correspond bien à 20 % de l’énergie lumineuse reçue par m².
L’installation se compose de panneaux, d’un onduleur (conversion de l’énergie continue en énergie alternative) et de câbles. La conception d’une installation photovoltaïque efficace nécessite la prise en compte de plusieurs points ayant une influence directe sur le ratio de performance du système : l’association des composants entre eux, la mise en œuvre de l’installation et l’adaptation de la typologie du système aux contraintes du site. Ainsi, le rendement de l’onduleur et son adaptation aux caractéristiques du champ photovoltaïque sont à étudier (les meilleurs ont un rendement de 96 %). Si un onduleur n’est pas correctement dimensionné le rendement et la performance de l’installation photovoltaïque seront réduits d’autant. Sa puissance est généralement comprise entre 80 % et 100 % de la puissance crête de l’installation : un champ de 1 kWc recevra un onduleur de 700 W ou 600 W pour une façade. Influent également sur la performance globale de l’installation : la présence de masques (proches et lointains), les pertes dans les câbles (maximum 3 %, idéalement 1 %), la température de fonctionnement des modules (favoriser la ventilation des capteurs), la typologie de câblage et la tolérance sur la puissance crête de l’installation (divergence entre puissance théorique nominale et puissance réellement installée) etc. Une protection contre les surtensions venant par le réseau (foudre) doit être prévue dans l’onduleur.
6/ Comparer les services
De plus en plus d’installateurs se chargent d’effectuer les démarches administratives à votre place. Cette prestation de service représente une faible charge, généralement incluse dans votre devis.
La maintenance
La seule maintenance qui sera en principe nécessaire sur votre installation, si elle est correctement réalisée, sera le changement de l’onduleur lorsqu’il tombera en panne, ce qui n’arrive en moyenne qu’une fois tous les dix ans d’après le retour d’expérience au niveau mondial. Il faut compter environ entre 0,3 €/Wc et 0,6 €/Wc pour le changement d’un onduleur. C’est pourquoi certaines entreprises vous proposent un forfait annuel comprenant la maintenance et parfois des services connexes. Il existe également des services de monitoring, comme un suivi électronique de votre production, pour repérer les éventuelles pannes. Afin d’être certain que le système produit de l’électricité, il est important de faire un relevé du compteur de production au moins une fois par mois, et de comparer la production mensuelle avec la production prévue (ou la production de l’année précédente). Un écart de +/- 20 % peut être normal, surtout si vous avez remarqué un mois particulièrement pluvieux / nuageux / ensoleillé. Pour obtenir un référentiel de production, n’hésitez pas à consulter la carte mensuelle.
Les garanties
Votre installateur doit avoir souscrit une garantie décennale qui s’applique sur l’installation (partie électrique et partie étanchéité). Si une fuite d’eau a lieu dans votre habitation du fait de la pose des panneaux solaires en intégration toiture, cette garantie décennale s’appliquera. En revanche si un problème survient au niveau des modules, la garantie est de 2 ou 5 ans en fonction du fournisseur. Il est aujourd’hui possible de voir des extensions de garanties étendues à 10 ans. L’onduleur bénéficie des mêmes garanties. Une assurance « bris de machine » peut également être souscrite, dans la multirisque habitation. Un surcoût financier pour cette assurance n’est pas systématique. Pour connaître le montant de cette dernière, contactez votre assureur.
La garantie du constructeur s’applique sur le rendement des panneaux solaires, qui assurent 80 % de rendement pendant 20 ou 25 ans, selon les fabricants. Attention à ne pas confondre cette garantie avec la durée de vie des panneaux solaires, qui peut être nettement plus élevée (plus de 30 ans). En fin de vie, les panneaux sont recyclés par l’association Soren (anciennement PVCycle), créée en 2007. Il existe d’autres types de garanties comme celles appliquées aux modules ou aux onduleurs. Ces dernières s’étendent généralement sur une durée de 5 ans.

7/ Comparer les coûts
Le prix des panneaux ayant baissé (division par 10 en 10 ans), le coûts d’une installation aussi. Une grande centrale au sol coûte environ 0,7 €/W, contre 2 €/W pour une installation résidentielle soit environ à 400 €/m² avec les technologies actuelles.
La Commission de régulation de l’Énergie (CRE) publie les tarifs applicables par trimestre : en 2022, les tarifs en vente totale et les primes à l’autoconsommation ont été revus à la hausse d’environ 2 %, une première depuis octobre 2020. Depuis 6 mois, la plateforme d’accompagnement Hello Watt a constaté une hausse de la demande pour l’installation de panneaux photovoltaïques de l’ordre de +600 % ! Le solaire photovoltaïque est maintenant compétitif par rapport aux autres sources d’énergie électrique, avec des coûts allant de 0,05 €/kWh pour une centrale au sol à 0,16 €/kWh pour une petite toiture résidentielle.
8/ Bien se renseigner sur les aides à l’investissement
Il existe différentes formes d’aides publiques directes ou indirectes (subventions) révisées chaque trimestre. Une prime d’investissement est réservée aux petites installations avec autoconsommation partielle de la production. Un dispositif d’obligation d’achat de la production injectée sur le réseau concerne les installations de faible puissance (jusqu’à 500 kW, ou 100 kW en cas d’autoconsommation). Le tarif d’achat dépend de la puissance de l’installation et de son type (autoconsommation ou injection totale dans le réseau) et est compris entre 0,1 et 0,18 €/kWh. Il est garanti par contrat sur 20 ans. Pour les puissances plus importantes, le soutien se fait à travers une mise en concurrence dans le cadre d’appels d’offre.
9/ Comprendre les principes de vente d’électricité
Les options de vente
Option vente de la totalité de la production : l’intégralité de votre production sera injectée sur le réseau et vendue au tarif fixé par la loi. Un point de branchement spécifique à la production sera alors créé par le gestionnaire de réseau (ERDF ou régie). Vos consommations continueront de transiter intégralement par votre compteur de consommation existant comme habituellement.
Option vente du surplus : la production électrique est prioritairement consommée sur place par les appareils en cours de fonctionnement (autoconsommation). Seul le surplus de votre production par rapport à vos consommations instantanées sera injecté sur le réseau et vendu. Cette option demande une intervention relativement simple sur le réseau puisque seul un compteur de production est ajouté.
Option autoconsommation totale : la totalité de la production est réputée consommée sur place. Aucun compteur de production n’est installé (très faible coût de connexion réseau) et vous ne pouvez pas bénéficier d’un contrat d’achat. Votre production est une économie sur votre consommation au sens strict. Vous aurez toujours une relation contractuelle avec ERDF, à travers une convention d’exploitation.
Compte tenu des lois de la physique, l’électricité sera dans tous les cas utilisée au plus près de son lieu de production. En cas d’arrêt de la distribution d’électricité venant du réseau (panne, travaux de la compagnie d’électricité), l’onduleur ne débite aucun courant sur le circuit intérieur ni sur le réseau.
Depuis la libération du marché de l’énergie, il est possible de vendre la production d’énergie photovoltaïque à n’importe quel acheteur. Le prix d’achat de l’électricité peut théoriquement être différent d’un acheteur à l’autre. Cependant, EDF et les ELD, ont l’obligation d’acheter l’énergie d’origine renouvelable à un tarif d’achat fixé par des arrêtés tarifaires.

Exemple :
Un particulier installe 6 kW de panneaux PV sur son toit.
- en injection totale, il bénéficiera d’un tarif de rachat de 0,1542 €/kWh, mais pas de prime à l’installation.
- en autoconsommation et avec injection du surplus, il bénéficiera d’une prime à l’installation de 0,29 €/W (soit 1 740 € au total pour un coût d’environ 12 000 €) et d’un tarif de rachat de 0,1 €/kWh.
Photo : onduleur Fronius
10/ Quid des émissions de CO2 ?
D’où vient le panneau ?
L’empreinte carbone de panneaux photovoltaïques produits en Chine est de 43,9 gCO2eq/kWh, de 32,3 gCO2eq/kWh pour une production européenne, et de 25,2 gCO2eq/kWh pour une production française, selon l’ADEME. C’est 25 fois moins que les centrales fonctionnant au pétrole (de l’ordre de ~800 gCO2eq/kWh). Les émissions ont lieu essentiellement au moment de la fabrication des panneaux (71 %) notamment à la phase de raffinement du silicium, qui est chauffé à plus de 1 500°C pendant environ 36 h. Le bilan carbone des installations sera progressivement amélioré par l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique alimentant les usines.
Une filière de recyclage performante
Contrairement à ce que disent ses détracteurs, en France, un système photovoltaïque formé d’un module en silicium monocristallin fournit l’énergie qui a été nécessaire pour sa fabrication en 1 an. Ce temps de retour énergétique a été divisé par deux entre 2015 et 2020. En masse, jusqu’à 95 % d’un module peut être valorisé. Néanmoins, valoriser ne signifie pas recycler car les matériaux perdent en valeur dans le processus. La filière est organisée par Soren (anciennement PV Cycle), éco-organisme à but non lucratif, qui propose des points de collectes répartis sur l’ensemble du territoire. Les modules PV ne contiennent pas de terres rares. Seuls quelques métaux utilisés dont les ressources sont limitées (argent, indium) nécessiteront une adaptation des technologies industrielles à long terme, mais la rareté des matériaux n’est pas un verrou pour le déploiement du photovoltaïque à grande échelle. Le silicium n’est pas un matériau critique, c’est l’un des éléments les plus abondants sur Terre.
Pour aller plus loin :
L’association HESPUL peut être considérée comme la référence française du photovoltaïque. Elle jouit d’une expertise reconnue, du fait notamment, de sa longue expérience dans le photovoltaïque raccordé au réseau. Sur le site, vous trouverez des guides à télécharger et de nombreuses informations complémentaires sur le fonctionnement d’une installation.
Dossier complet dans notre n°90