Indissociables d’un intérieur sain, les finitions naturelles participent également à la bonne régulation de l’hygrométrie ambiante. Chaleureuses, durables, naturelles,agréables à travailler…, elles sont en phase avec les dernières tendances de la décoration. Et pour un supplément d’âme, n’hésitez à pas à recourir au réemploi !
Habiller les sols
Que l’on recherche le cachet des anciennes finitions pour valoriser une maison ancienne restaurée dans les règles de l’art, ou que l’on recherche des finitions esthétiques, durables et saines pour une nouvelle décoration, les finitions naturelles offrent toutes les solutions créatives.
Pour les sols, les possibilités de matériaux nobles et respectueux de l’environnement comme de la santé sont légion. Côté esthétique, les fabricants redoublent de créativité pour proposer matières, motifs, styles et couleurs de sorte à répondre aux goûts de tous. Il ne reste qu’à choisir…
Le parquet
Le parquet est “le” revêtement de sol “écologique” par excellence. Parce que depuis sa genèse jusqu’à la fin de sa vie, il cumule les vertus. Issu de la transformation du bois, il garde captif le carbone que l’arbre a stocké durant sa croissance et limite de ce fait la profusion d’émissions de CO2 dans l’atmosphère. Abondant dans nos forêts européennes, il ne réclame que très peu de transformations (taille, coupe et éventuellement traitements) pour sa fabrication. Cette sobriété garantit, par ailleurs, une ambiance intérieure saine. Mais certains parquets sont plus écologiques que d’autres. Ainsi, le parquet massif est évidemment le choix le plus “vert”, d’autant plus si l’essence est suffisamment résistante pour se passer de traitements.
À défaut, on optera pour des traitements et produits de finition écologiques. Ceci étant dit, la démarche écologique ne s’arrête pas au choix du parquet. Son mode de pose est également très important. On distingue trois méthodes : la pose collée, la pose clouée et la pose flottante. La pose traditionnelle, clouée sur lambourde, est la plus appropriée. Une technique que l’on ne peut toutefois appliquer que pour la pose de parquets massifs. Pour un parquet contrecollé, on pourra se diriger vers une pose flottante qui évite l’usage de colle.
Côté finitions, on préférera protéger les lames avec une finition huilée ou encaustiquée plutôt que de vitrifier le parquet. L’idée étant d’utiliser des produits naturels (huile ou cire écologique) à la fois moins nocifs et laissant respirer le bois.
Tissages et revêtements végétaux
Jonc de mer, fibre de coco, sisal, linoléum, liège ou encore bambou…, la nature nous a fait de jolis cadeaux : de belles et solides matières qui se suffisent à elles-mêmes pour habiller les sols. Des matières qui se passent de bres synthétiques, de solvants et de chlore. Elles présentent donc l’avantage d’une fabrication plus respectueuse de l’environnement. Par ailleurs, ces végétaux se renouvellent rapidement, sans réclamer de pesticides ni d’engrais. Certaines de ces matières seront tissées (jonc, coco, sisal), d’autres simplement agglomérées (le linoléum naturel est un mélange d’huile de lin, de résine et de chaux, le liège est chauffé pour s’homogénéiser avec sa propre résine), et d’autres enfin juste coupées et taillées (le bambou). Seule ombre au tableau : la distance, car ces matières sont souvent cultivées dans de lointaines contrées. Tissages bouclés ou petites lames structurées, sol lisse et coloré…, les aspects se plient à l’ambiance des lieux qu’ils revêtent tout en offrant différentes vertus : le linoléum est particulièrement résistant, le liège est imputrescible et c’est un excellent isolant phonique, le jonc de mer est apprécié pour sa résistance aux tâches comme à l’eau, le coco résiste également à l’eau, mais moins aux tâches, il est également antibactérien…
Au niveau de la pose, il est difficile de se passer de colle pour les tissages. Aussi est-il recommandé de choisir les produits les moins toxiques possible. Par contre, le liège et le lino peuvent fixés en pose flottante grâce à un système de clips.
Les dallages naturels
Les dallages offrent un avantage certain d’un point de vue sanitaire : revêtements “durs”, ils ne relâchent pas de composés organiques volatils (uniquement ceux dus aux éventuels traitements de surface et colles de pose). Autre bon point pour la qualité de l’air du logement, ces revêtements sont imperméables à la pollution : ils n’absorbent rien et ne relâchent donc rien non plus dans l’air intérieur. Les dallages naturels ont, en plus, un intérêt réel : ils utilisent des matières premières que la nature nous fournit : pierre, minéraux, terre... Si elles ne sont pas renouvelables, leur exploitation ne pose pas de problème majeur car elles existent en abondance. Leur transformation est relativement faible. Certaines, comme la pierre, ne sont même pas transformées, d’autres, comme la terre cuite ou la céramique, réclament de hautes températures (1 000°C pour la tomette). Ces températures sont nécessaires pour garantir la solidité des matières. Rien n’est parfait. En pratique, lors de la pose, on peut améliorer les qualités d’innocuité de ces revêtements en remplaçant avantageusement le mortier-colle traditionnel par un mortier de chaux. Ce produit naturel évite ainsi l’utilisation de produits potentiellement toxiques et émetteurs de composés organiques volatils. Dans un second temps, les dallages les plus poreux (terre cuite, pierre) seront protégés avec une huile spécifique qui viendra boucher les pores de la matière et la protéger contre les tâches.
Au quotidien, les dallages sont des revêtements “tout terrain” : ne retenant pas la poussière et résistant à l’humidité comme aux tâches, ils se satisferont d’un nettoyage régulier, de préférence avec le traditionnel savon noir.
Certains revêtements de sol durs bénéficient de l’écolabel européen.
Couleurs et matières : finitions naturelles pour les murs
Une multitude de textures, des couleurs à en revendre, des produits faciles à travailler et surtout des matières nobles qui n’appauvrissent pas la terre et ne présentent pas de risques pour la santé : voilà ce que promettent les murs parés de finitions naturelles.
Les enduits
Un enduit est un savant mélange dont la texture plus ou moins épaisse permet de réaliser des effets de matières et de couleurs. Face aux produits courants, qui comptent dans leur recette des composés chimiques, on trouve des enduits naturels. Ces enduits sont biodégradables. Simples mélanges de matières premières, ils ne réclament que peu de transformation pour leur fabrication, génèrent peu de particules lors de la pose et aucune émanation au cours de leur vie. Deux grandes familles cohabitent en la matière : les enduits à la chaux et les enduits de terre.
Pour les premiers, la chaux joue le rôle de liant, l’eau, celui du solvant, et ils sont additionnés de charges (sable, poudre de marbre…) dans des proportions variant en fonction de l’épaisseur souhaitée. Pour les seconds, l’argile joue un rôle similaire et est, de même, mélangée à de l’eau et du sable. Il est par ailleurs possible d’ajouter à ces mélanges des fibres (chanvre, paille, coton, cellulose…) ce qui, outre l’effet de matière obtenu, accorde un excellent pouvoir protecteur et isolant à ces finitions et améliore leur plasticité. Au niveau de la couleur, on utilisera en priorité des pigments naturels. Si les ocres sont sans doute les teintes les plus souvent associées à ce type de matière, les pigments offrent autant de possibilités qu’il existe de goûts. Les enduits terre peuvent, quant à eux, être éventuellement rehaussés de pigments mais la plupart du temps, les variations naturelles de l’argile se suffisent à elles-mêmes.
Lors de la pose, ces enduits se comportent comme tous les autres : ils exigent un mur propre, débarrassé d’éventuelles particules et une première couche d’accroche. La couche de finition vient ensuite donner toute sa personnalité au mur : talochée, lissée, serrée… (c’est le cas du tadelakt par exemple, un enduit décoratif étanche à l’eau, d’origine marocaine et très en vogue dans les salles de bains).
Les peintures naturelles
Simple à appliquer et relativement radicale pour changer facilement l’ambiance d’une pièce, la peinture est le choix numéro 1 pour les revêtements de mur. Mais il y a peinture et peinture… Ainsi, les produits les plus communément distribués contiennent des produits issus de la chimie, (solvants chimiques, liants de synthèse, adjuvants émulsifiants ou épaississants…) qui, bien souvent, présentent des risques pour l’environnement comme pour la santé. Les peintures naturelles, quant à elles, affichent leurs composants. Liants, solvants et adjuvants composent aussi ces produits, mais ici, tous sont naturels (eau, chaux, huile de lin, pigments naturels…). La peinture qui en découle est évidemment biodégradable.
Fini velouté, rendu minéral, aspect couvrant…, les peintures naturelles peuvent répondre à toutes les envies (voir notre article sur Auro dans le n°89 et les peintures dépolluantes dans le n°67). Il faudra alors choisir entre les multiples produits disponibles : peinture à la chaux, peinture à l’argile ou encore peinture à la caséine. Pour la chaux, plusieurs épaisseurs promettent des esthétiques différentes depuis la colature (le mélange le plus épais utilisé pour le chaulage) jusqu’à l’eau forte (très liquide, ne pellicule en transparence). Ces produits sont bien sûr disponibles en préparations prêtes à l’emploi. Il est par ailleurs possible (mais délicat) de réaliser soi-même ses mélanges. Attention, car même les peintures acryliques (à l’eau) ne sont pas toutes exemptes de substances toxiques.
Les éléments de parement
Ceux qui ont la chance d’habiter des maisons aux murs réalisés en pierre, en bois massif ou en briques peuvent profiter de l’esthétique toute particulière et des vertus de ces matériaux… Mais ces matières peuvent aussi être “rapportées” sur les murs de sorte à les décorer ; on parle alors de parement. Briques, pierres et bois sont des matériaux bruts naturels (pour peu qu’il s’agisse de matériaux véritables et non d’imitations) qui présentent de nombreux intérêts.
Ainsi un lambrissage de bois garantit une ambiance intérieure plus saine (peu de COV, régulation de l’humidité). Peu consommateur d’énergie et de chimie, le bois est, par ailleurs, un bon choix pour respecter l’environnement. Bien entendu, pour assurer ces qualités, il faudra veiller aux traitements et produits de finition qui peuvent venir le protéger. En termes de pose, les options sont nombreuses : depuis le lambrissage à la verticale ou à l’horizontale pour un esprit nordique jusqu’aux cimaises pour un style plus classique, les possibilités ne manquent pas. Il s’agira par contre de clouer ces éléments et d’éviter, une fois encore, la colle. Briques et pierres de parement peuvent, de même, habiller un mur intérieur. Au-delà du rendu particulièrement attractif, ces deux matériaux présentent l’avantage d’améliorer l’inertie thermique du bâtiment : ils stockent la chaleur et la restituent lentement. L’idéal pour une ambiance confortable. Pour limiter les quantités de composés organiques volatils dans l’atmosphère intérieure, il est par contre recommandé de limiter l’usage de colles et ciments- colles. Préférez-leur des équivalents écologiques. Les joints peuvent par ailleurs être réalisés avec un enduit de chaux, teinté ou naturel.
Les finitions naturelles sont saines lors de la pose et lors de leur durée de vie dans la maison. Elles ne dégagent aucune substance polluante comme les composés organiques volatils. Attention toutefois, naturel ne veut pas toujours dire inoffensif. Certains solvants naturels peuvent eux aussi déclencher des allergies. Bien lire les notices d’utilisation de ces produits !