Selon un sondage Ifop pour l’association Promotoit en 2012, 21 % des propriétaires de maison individuelle ont le projet d’agrandir leur maison, 34 % des maisons existantes ont des combles aménageables directement et 35 % après surélévation. Les combles de 2,6 millions de maisons pourraient être aménagés, soit la création potentielle de 104 millions de m2 de surfaces habitables supplémentaires (pour une surface moyenne de 40 m2 ) sans augmenter l’emprise foncière.
Texte Gwenola Doaré
Schémas extraits de l’ouvrage Surélévations en bois, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011
En France, la suppression de la règle de densité (COS) introduite par la loi ALUR en mars 2014, permettant sous certaines conditions de déroger aux règles de gabarit fixées par les PLU, offre aujourd’hui un contexte législatif favorable aux surélévations. Lorsque les limites de hauteur précisées dans les PLU ne sont pas atteintes, les opérations se révèlent intéressantes à plus d’un titre : lutte contre l’étalement urbain, optimisation foncière du bâti, amélioration du confort énergétique…
L’ouvrage « Surélévations en bois » publié par les Presses polytechniques et universitaires romandes en 2011 propose de distinguer quatre cas de figure : la surélévation directe (1), où la nouvelle structure se pose directement sur le bâtiment existant, la surélévation en retrait (2), qui vient couronner l’édifice existant, la surélévation-habillage (3), qui donne une identité nouvelle à l’ensemble du bâtiment résultant le plus souvent d’une rénovation, et la surélévation-extension (4) qui consiste à enjamber ou inclure la structure existante dans un nouveau projet.
Dans les pages qui suivent, vous allez découvrir 3 réalisations : une surélévation directe réalisée par Espace & Energie en Région Parisienne, une surélévation en retrait réalisée par Claude Philion en Vendée et une surélévation-habillage réalisée par +d’Architecture en Bretagne.
Depuis le 1er janvier 2015, la RT 2012 ne s’applique plus aux petites extensions et surélévations de maisons individuelles. Pour les extensions, les surélévations ou les bâtiments dont la SRT (surface thermique au sens de la RT) est inférieure à 50 m2 , la réglementation sur la rénovation des bâtiments existants s’applique. Pour les surélévations ou extensions de maisons individuelles dont la surface est comprise entre 50 et 100 m² , la seule obligation sera désormais de respecter une valeur maximum du Bbio, c’est à dire des caractéristiques de l’enveloppe, sans contrainte sur les équipements et sans test d’étanchéité à l‘air.
Au-dessus de 100 m² , c’est la RT2012 qui s’applique.
Avant de se lancer dans un projet d’extension de SHON, au-delà de l’aspect économique, il faut bien s’assurer que tous les éventuels freins techniques, règlementaires et sociaux ont été évalués. Il faut notamment vérifier quelles sont les limites séparatives, les règles de gabarit et s’il y a l’obligation de créer de nouveaux stationnements. Dans tous les cas, il est nécessaire de déposer un dossier de permis de construire ou une déclaration de travaux.
Pour ce qui est des aspects techniques, un des points de blocage potentiels est lié à la stabilité mécanique, en particulier dans les zones concernées par la nouvelle carte sismique qui peuvent limiter la capacité portante autorisée de l‘existant. La prise en compte de la règlementation incendie peut également conduire à devoir réaliser de coûteux travaux dans le bâtiment existant L’acceptation sociale par les riverains et habitants, parfois négligée lors de l’étude de faisabilité, peut compromettre certains projets par la suite. Cela peut notamment venir de la peur de l’entassement liée à la densification, aux craintes de nuisances pendant la période de chantier et aux modifications de l’environnement.
Avant d’envisager ces travaux, il est primordial de vérifier que les éléments porteurs de l’habitat (raidisseurs, linteaux, chaînages) et les fondations sont capables de supporter la surélévation projetée. La vérification des fondations nécessite la réalisation d’une ou plusieurs fouilles (excavations) au droit des fondations pour en vérifier la composition.
Pour vérifier la résistance des murs porteurs, il est nécessaire d’en connaître la composition.
Si les matériaux qui les composent ne sont pas apparents, il faudra réaliser un sondage (percement du mur ou dépose du revêtement). Si les fondations et/ou les murs ne sont pas capables de supporter les surcharges, il faut les renforcer ou créer des supports (des murs ou des poteaux porteurs). En résumé, les travaux de surélévation doivent suivre le cheminement de conception suivant :
Une attention doit être portée à la vêture extérieure. L’application d’un crépi en continuité entre les deux matériaux de structures différents va automatiquement produire une fissure. Pour la prévenir, la pose d’un joint de dilatation s’impose à l’intersection. En revanche, lorsque la surélévation est revêtue d’un bardage, le risque de fissure est absent. Il faut veiller à assurer une continuité de l’isolant entre les parois de l’existant et la surélévation, afin de ne pas créer de ponts thermiques.
A lire : Guide de réhabilitation des maisons individuelles - Rénover avec le bois. FCBA juin 2013